dimanche 6 septembre 2015

A propos de 2084, le dernier livre de Boualem Sansal

Le radicalisme religieux qui menace les démocraties, l'impossibilité de ne pas croire, la surveillance par des comités ad hoc, l'obligation du bonheur de croire. Un monde pyramidal mais qui n'existera jamais, l'auteur nous le confirme. Aucune relation avec ce qui pourrait se passer à la vue des divers événements récents ou plus anciens. Sansal insiste, ce n'est que fiction et encore fiction. Dormez sur vos deux oreilles, braves gens, ce livre n'est fait que pour nous divertir. Point. Une fois passé tout cela, on se prend au jeu du roman et on entre dans la peau d'Ati, renégat sans foi (quelle horreur) qui cherche avec nous un hâvre de paix ou un ghetto dans lequel il serait libre, non surveillé, non épié. Bref, ce dont nous rêvons tous ! Avec une maîtrise parfaite du grotesque, de l'humour et de la dérision, Sansal nous prend par les yeux pour un monde à la Orwell (avec son Big Brother de 1984), nous fait frissonner souvent, nous fait rêver rarement et ouf quand on a terminé le livre : non cela ne peut pas arriver, ce n'est que de la fiction. Il nous le dit en permanence. A moins que...mais cela c'est une autre histoire. Grand auteur, très bon livre d'anticipation. Le prophète Abi (délégué de Yölah) convie le pauvre lecteur que nous sommes, à partager son amour du Saint Gkabul, mais avec obligation d'y croire. En brocardant les dérives du radicalisme religieux, Boualem Sansal nous met en garde : La religion fait peut-être aimer Dieu mais rien n'est plus fort qu'elle pour faire détester l'homme et haïr l'humanité.